La plus grande gloire n`est pas de ne jamais tomber, mais de se relever de chaque chute
Mars 2023

Cette fois-ci, le conseil de notre organisation était disposé pour un programme davantage axé sur le social que sur l’éducation. L’objectif était d’apporter de l’aide aux familles des villages frontaliers, où il y avait des combattants handicapés, des soldats portés disparus et des jeunes décédés pendant la guerre de 44 jours en 2020 contre l’Azerbaïdjan.

A cette fin, nous avons choisi les villages de Her-Her et de Karmrashen dans la région Vayots –Dzor en Arménie, des village où la plupart de la population a dû quitter ses maisons presqu’entièrement démolies.
Il est presqu’impossible d’imaginer des villages dans de telles conditions au 21ème siècle.

Le chemin était assez long, trois heures d’aller et autant de retour.
Et voici, nous sommes arrivés au village de Her Her.
Ici, les routes étaient tellement impraticables que nous avons dû laisser les voitures et continuer à pied.

Finalement, nous sommes arrivés chez la famille de Hambardzum Hambardzumyan.
Les membres de la famille n’ont aucune nouvelle de leur fils depuis plus de deux ans. Il est le père de trois enfants, dont le plus jeune est né après la guerre et n’a jamais vu son père. Le fils aîné se souvient le mieux de son père, et sa mère affirme qu’il lui ressemble beaucoup. Tous les trois, avec leur mère et leur grand-mère, sont convaincus qu’un beau jour leur père reviendra et les prendra dans ses bras avec tout son cœur.

Pour la famille de Hambardzumyan, nous avons apporté de la nourriture, des vêtements et des jouets pour les enfants, qu’ils ont acceptés avec une grande gratitude. Leur gentillesse et leur résilience face à une situation si difficile nous ont profondément touchés.

Ce qui était particulièrement remarquable, c’est que la mère de Hambardzumyan n’a pas voulu s’exprimer devant la caméra. Elle a expliqué que depuis près de deux ans, presque tout le monde les connaît et qu’ils ne sont pas la seule famille ayant un soldat porté disparu. Cependant, elle a accepté de partager leur histoire avec nous en privé. Elle nous a raconté combien il est difficile de vivre sans son fils et comment elle et sa famille peine à continuer de vivre sans savoir ce qui lui est arrivé.

Nous l’avons écoutée attentivement, offert notre soutien et promis de continuer à les aider de toutes les manières possibles. En quittant la famille de Harutyunyan, notre cœur était lourd, et nous avons prié pour que leur fils bien-aimé soit retrouvé sain et sauf un jour.

Le prochain village était Karmrashen, où les conditions de vie étaient indescriptiblement pires par rapport au village de Her Her.

Pourtant, il est intéressant de noter que Karmrashen était autrefois un village « international », où de nombreuses personnes de différentes républiques de l’ancienne Union soviétique ont vécu côte à côte et ont construit le tunnel « Arpa-Sevan ». Malheureusement, seules les maisons à deux étages construites pour les travailleurs étrangers, mais qui sont parfaitement démolies pour aujourd’hui, témoignent de leur vie passée dans le village.

Au fil des années, le village s’est lentement vidé de sa population, ne laissant que quelques jeunes hommes. Lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils ne se marient pas, ils ont répondu : « Si vous trouvez une jeune fille qui serait prête à venir vivre dans notre village, nous serions ravis… »

En effet, nous n’avons pas vu de jeunes filles dans le village. Les seuls habitants restants sont les parents âgés de ces jeunes hommes, qui refusent de quitter leur domicile pour ne pas laisser leurs parents tout seuls.

L’école du village ne compte que quatre élèves, parmi lesquels se trouve une jeune fille de 14 ans qui rêve de quitter sa maison et son village pour étudier dans une école offrant une meilleure qualité d’enseignement.
Nous avons rencontré sa famille, qui était complètement désespérée, ls avaient également un petit frère de quatre ans, qui jouait avec son chat dans une maison de pires conditions. Nous leur avons apporté de la nourriture pour les aider dans leur situation difficile.

Dans ce village, seules les herbes poussent au pied des montagnes car les champs ne sont pas irrigués. Les habitants ne comptent que sur Dieu.
C’est pourquoi nous avons acheté cinq moutons avec leurs agneaux pour la famille d’Armenak Arustamyan, un invalide militaire.

Notre objectif principal était de donner aux jeunes membres de la famille la possibilité de rester chez eux et d’avoir un emploi, afin qu’ils ne soient pas contraints de quitter leur village natal. Dans le cadre de notre programme social, nous avons signé un contrat de deux ans avec la famille d’Arustamyan, poursuivant ainsi notre engagement à long terme envers la communauté.
Selon le contrat, après un an, lorsque les moutons auraient de nouveaux agneaux, la famille devrait transmettre trois agneaux et un mouton à une autre famille dans le besoin à Karmrashen. Cela offrirait à une autre famille l’opportunité d’avoir un emploi dans leur propre village. Ce processus doit être répété pendant la deuxième année également.

Honnêtement, la journée a été très déprimante, mais en voyant les yeux brillants et remplis d’espoir des jeunes, nous avons compris que tout n’était pas encore perdu. La vie continue… Il est également inspirant de voir comment notre projet encourage la solidarité et l’entraide entre les familles du village. Nous pensons que notre engagement à long terme avec la famille d’invalides militaires est une excellente idée pour leur fournir des moyens de subsistance et aider d’autres familles dans le besoin du village.

Et pour notre programme si encourageant, nous remercions les donateurs SONA BEDROSSIAN & WILLIAM SYMS, ARMINE MESSERKHANIAN et YEN CHING LIU de nous donner la possibilité de faire une différence positive dans la vie de ces familles et d’y apporter un peu de bonheur.

Nous espérons également, et nous sommes très optimistes, que d’autres personnes seront inspirées par notre travail et apporteront leur soutien pour que nous puissions continuer à aider les personnes dans le besoin et travailler ensemble pour créer des communautés frontalières plus fortes et plus unies en Arménie.

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